• Comprendre les rapports entre la Russie et l'Ukraine

    Par RN 2      Ce texte  a été écrit les 11 et 12 Mars 2015 et son analyse de certains éléments de fond permet de comprendre une part de la situation russo-ukrainienne. Suite de notre précédent article.

     

    Le président américain est Barack Obama. Son ministre des Affaires étrangères (State Secretary) est John Kerry, ancien candidat à la présidence, et dont les porte-paroles sont Jennifer (Jen) Psaki, qui sera à compter du 1er avril à la Maison-Blanche, et Marie Harf, anciennement porte-parole de la CIA. Elles sont charmantes (Marie Harf moitié russe et bilingue) et mentent avec un aplomb impressionnant.
    John Kerry est assisté de plusieurs secrétaires d'État, dont une, Victoria Nuland (anciennement porte-parole du ministère des Affaires étrangères), est en charge de l'Europe et de l'Eurasie.

    L'ambassadeur américain à Kiev s'appelle Geoffrey Pyatt.
    Dans l'affaire ukrainienne, le principe est le suivant : la junte ukrainienne, dont plusieurs membres sont nazis et néo-nazis (il y a eu un « centre de recherche politique Joseph Goebbels » qui a publié un « A.B.C. du nazisme », ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres mais illustrant le fait qu'ils pratiquent assez ouvertement les méthodes de manipulation de l'information de Goebbels), annonce une information fausse (fréquemment, que les chars russes arrivent). L'une des porte-parole américaines les répète, comme s'ils étaient de source sûre, et comme si eux-mêmes n'avaient pas la preuve que ces informations sont fausses (par exemple, des photos satellite). La presse internationale reprend sans discuter les affirmations du ministère. Il y a eu une scène « amusante » 4 jours après l'attentat contre le vol MH17 : un journaliste, qui savait lui aussi que les États-Unis disposaient par eux-mêmes d'énormément de données leur permettant de savoir au minimum qui pouvait tirer à cet endroit-là (la France et l'Allemagne disposent, eux, des enregistrements radar, un ancien ministre allemand l'a annoncé pour l'Allemagne le 28 juillet, un groupement de citoyens, en Allemagne, a demandé au gouvernement de révéler au public le contenu des enregistrements, pas de réponse pour l'instant; seule la Russie a diffusé les siens), a demandé à Marie Harf : « et alors, c'est tout ce qu'il y a comme preuves ? Des affirmations de l'Ukraine et des media sociaux ? » Et elle ne s'est pas démontée, et a assuré que c'était suffisant, etc.

         https://www.youtube.com/watch?v=yGNn5ZB0wEo

    (surtout les vingt premières minutes, après il est question des sanctions, d'ailleurs elle les justifie en disant que c'est pour faire pression sur la Russie pour l'accès au site, or cela fait bien longtemps que le site est accessible, d'ailleurs c'était Kiev qui bombardait la zone.

          http://www.state.gov/r/pa/prs/dpb/2014/07/229550.htm

    Vous savez peut-être que les « preuves » qu'elle déclare comme publiques étaient fausses, par exemple « les rebelles qui se vantaient », c'était un montage audio décelable à la première écoute même par un profane; les messages Twitter, provenaient d'un compte qui n'a servi qu'à cette occasion (et ils n'ont pas vérifié) alors que le contrôleur aérien hispanophone de Kiev qui a annoncé au moment même de l'attentat que c'était un attentat monté par la junte et qu'elle était en train d'enlever l'enregistrement de la dernière demi-heure de la tour de contrôle, utilisait son compte depuis 2010 et ce compte comportait de nombreuses photos de l'aéroport où il travaillait (bien sûr ce compte n'a plus été utilisé ensuite et le pauvre a « disparu »). C'est une vérification élémentaire tout de même. De même que l'altération du plafond opérationnel du SU25 (un type d'avion russe) sur Wikipedia, quelques jours avant l'attentat... [ D'après les enregistrements des radars russes, il suivait le vol MH17, et il pouvait être armé des balles et du missile qui ont atteint l'avion; alors que les missiles tirés par un lanceur BUK, dont on a tant parlé, auraient produit des trous caractéristiques et que l'on ne retrouve pas sur les photos de l'avion diffusées partout. Cf plus bas...]. Quant aux preuves qu'elle prétend détenir et ne pouvoir diffuser, visiblement son gouvernement, qui a si effrontément affirmé (elle le répète plusieurs fois) que l'avion avait été abattu par un missile sol-air et que le tir était parti d'un secteur « tenu par les rebelles », n'a pas jugé bon de les transmettre à l'équipe d'enquête ; équipe qui, de son côté, a signé (entre Pays-Bas, chargés de l'enquête par l'Ukraine aux termes d'un accord prévoyant que l'enquête ne chercherait surtout pas à déterminer les responsabilités mais seulement à éviter qu'un tel drame se reproduise, accord disponible; Australie; Belgique et Ukraine) le 8 août un accord comportant une clause de non-divulgation, qui interdisait de communiquer tout résultat de l'enquête sans l'accord des quatre parties (qui comprennent donc l'Ukraine, l'une des parties suspectes !) Cet accord de non-divulgation a été d'abord annoncé par un haut fonctionnaire ukrainien sur UNIAN, une chaîne TV appartenant à Ihor Kolomoisky, dont il faudra reparler plus tard (peut-être le personnage le plus important de la junte). Puis, des media russes ont envoyé un fac-simile de contrat. Hélas, je n'arrive pas à le retrouver. Je crois que je l'avais trouvé en lien depuis un autre article, que je n'arrive pas à retrouver lui-même...Ce fac-simile n'a été confirmé par aucune des parties, mais aucune non plus ne l'a déclaré faux (en revanche, si vous en parlez ailleurs en Occident, tout le monde affirme qu'il est faux ; pourquoi ? Parce que c'est comme ça). Ce que voyant, l'hebdomadaire hollandais de référence et des citoyens australiens ont demandé à leur gouvernement, au nom du droit à l'information, communication de cet accord. Les Pays-Bas ont d'abord répondu qu'ils n'avaient pas le droit de le divulguer, que c'était un document classé; mais le 22 décembre, sans pour autant divulguer tout le contenu, ils ont reconnu qu'il y avait bien une clause de non-divulgation interdisant aux parties de communiquer quoi que ce soit sans l'accord unanime. L'Australie, elle a répondu plus directement, d'abord sous la plume d'une fonctionnaire, qu'il y avait bien une telle clause de non-divulgation,

      http://www.sott.net/article/289513-Transparency-Why-do-we-allow-Kiev-to-write-the-official-report-on-MH17
        http://www.rtlnieuws.nl/sites/default/files/co»ntent/documents/2014/11/26/document-australie.pdf
    puis le ministre australien des Affaires étrangères a confirmé l'authenticité de la lettre et son exactitude. (rien du côté de la Belgique apparemment) La Malaisie a été exclue de l'enquête (elle y est venue il y a peu, les enquêteurs ayant dit que le seul obstacle à sa participation était la signature d'un accord, sans dire lequel...)

              http://rt.com/news/209759-mh17-investigation-malaysia-excluded/
    En a-t-on entendu quelque part ? Sans parler du fait que les témoins visuels (assez nombreux) ont vu un ou deux avions de chasse et entendu deux « bangs », et que les internautes qui ont rassemblé les centaines de photos disponibles de la carlingue (en particulier Peter Haisenko, pilote retraité de la Lufthansa, ou le témoignage de l'enquêteur Bociurkiw, arrivé plusieurs jours avant les autres), ont montré que les perforations n'avaient pas pu être faites par un missile BUK, qui contient des pièces d'une forme particulière et aurait explosé plus loin, mais que les objets ayant perforé les sièges des pilotes par derrière, ainsi qu'ailleurs, avaient nécessairement été tirés par une mitrailleuse embarquée, et que le reste des trous provenait de l'explosion à environ 5 mètres, juste derrière la cabine de pilotage, d'un missile probablement M60, comme peut en transporter... un SU25. Et personne n'a entendu de détonation de BUK, ni vu de traînée de vapeur qui dure plus de 10 minutes... Bien sûr, le rapport publié par la commission d'enquête est on ne peut plus évasif... Croit-on qu'il l'aurait été s'il avait existé des éléments permettant de jeter le soupçon sur les résistants de Nouvelle-Rus ?


    J'ai peut-être pris l'exemple le plus compliqué pour illustrer le circuit de la désinformation... Mais c'est aussi celui qui donne le plus de matière. En effet, les annonces quasi-quotidiennes par Kiev, de l'arrivée de colonnes de chars russes, sans qu'aucune photo satellite l'ait jamais montré, et alors même que le 29 janvier, le chef d'état-major de l'armée ukrainienne a admis qu'il ne se battait pas contre des éléments de l'armée russe et que les seuls « russes » étaient les Ukrainiens à double nationalité et les volontaires russes venus aider la Résistance... Les Américains ont passé leur temps à lancer des accusations directes, vous rappelez-vous ? Ils continuent ! Et ils ne se sont jamais rétractés ! Avez-vous déjà entendu une accusation directe de la part de la Russie ?


    Quant à l'idée que la Russie soit susceptible d'attaquer l'Ouest, elle provient uniquement des États-Unis et de leurs dépendants directs. Techniquement, elle en est peut-être capable, et encore. Mais : 1) pour quoi faire ?  2) Par quels moyens, sans l'assentiment de sa population ?  3) ce n'est pas du tout conforme à sa politique actuelle. L'Ouest a tout fait pour insulter les Russes de toutes les façons (discours de tous les dirigeants, en particulier américains bien sûr), et les responsables russes (en particulier Poutine et Lavrov) ont toujours réagi en apaisement et courtoisement. Et leur façon de gérer la crise ukrainienne me paraît très parlante. Je crois qu'il faut que j'en en dire un peu l'histoire...


    Tout d'abord, il faut savoir que l'Ukraine a été une « marche » (c'est le sens du nom Ukraine) pendant des siècles et a souffert, aux niveaux régionaux, divers processus « d'épuration ethnique » et d'acculturation à des pays étrangers. Elle est devenue une république de l'URSS, peut-être celle où la politique criminelle de Lénine puis de Staline a causé le plus de morts, au point que certains considèrent Holodomor comme un génocide. Pendant la guerre, surtout dans l'Ouest, un esprit de vengeance a poussé pas mal d'habitants à devenir nazis contre les Russes, et les nazis les sont convaincus d'assassiner les Juifs (et pas mal de Polonais). On est loin d'avoir trouvé tous les charniers, même si un prêtre français, le Père Patrick Desbois s'y est employé pendant des années, et ils peuvent être confondus avec ceux des éliminations soviétiques, etc. Après la guerre, l'URSS a pas mal favorisé l'Ukraine, en y installant des industries de pointe en particulier. Hélas, à partir de la dissolution de l'empire soviétique, certes l'Ukraine a réussi à mettre la main sur la Crimée qui avait déclaré son indépendance plus tôt (avec des promesses d'autonomie qui ont été violées, d'où la sécession de 2014), riche de son tourisme, des loyers de ses bases russes, de ses gazoducs... qu'elle n'a jamais reçus. Mais globalement, elle s'est enfoncée dans la corruption, encore plus que la Russie d'Eltsine, et elle n'a pas eu de Poutine ; au contraire elle a vu se succéder gouvernements élus, « révolutions de couleur » menées par les États-Unis... En 2010, Ianoukovith est élu président, et en 2012 il est confirmé par les législatives. Fin 2013 il n'avait plus que 37% de popularité mais on a vu pire, n'est-ce pas?.. Il a essayé de jongler entre les influences russe et européenne, essayant d'avoir, des uns une décote sur le gaz, des autres des aides. L'Union européenne souhaitait vivement l'intégrer, non comme membre (un pays en ruine !) mais comme associé. Un contrat d'association peut être avantageux pour un pays comme la Turquie qui a une économie forte et de quoi négocier, mais pour l'Ukraine, il fallait jouer serré, parce que ce que voulait l'Allemagne, c'est le libre accès aux immenses ressources naturelles du pays (évaluées à plus de 9.000 milliards de dollars), sans aucun obstacle ni réglementation, une pure colonisation. Ianoukovitch a donc entamé des négociations avec l'UE, tout en signant des accords avec la Russie qui lui ont permis d'avoir du gaz quasiment à moitié prix et la libre-circulation. Tout le monde pensait que ces tractations dureraient des années.Mais c'était sans compter sur les États-Unis, qui entendaient bien se servir d'un traité d'association avec l'Union européenne, et du Traité Atlantique Nord toujours en instance de signature aujourd'hui, pour être, eux, les véritables bénéficiaires du pillage de l'Ukraine. Ils avaient d'ailleurs engagé de gros moyens pour un pays aussi pauvre : Victoria Nuland, en décembre 2013 en conférence de presse, a fièrement annoncé que les États-unis avaient déjà consacré cinq milliards de dollars à « l'éducation à la démocratie » en Ukraine (en pratique, ce sont des « ONG » — pas si non-gouvernementales que cela ! — qui manipulent l'opinion, forment des « élites » bien serviles, etc. En Ukraine, il y en avait 4600 employant 150.000 personnes ! [ Ce n'est pas un peu beaucoup ? Je n'arrive pas à retrouver ma source mais ce que j'avais lu est très probable. Avant même la chute de la hryvnia, le salaire ukrainien moyen était de l'ordre de 110$/mois... Avec les 5 milliards annoncés par Victoria Nuland, on peut en employer du monde ! Il n'est pas dit bien sûr, que toutes ces ONG aient travaillé simultanément, ni que ces employés l'aient été en permanence.]  Le principal organisme en la matière, est le NED, le National Endowment for Democracy, qui n'a pas un financement énorme mais qui chapeaute, le reste des financements venant en parallèle.En France aussi il y en a, essentiellement dans le lobby LGBT qui est leur préoccupation principale semble-t-il. Aussi, en octobre 2013, ont-ils exigé de l'Union européenne qu'elle adresse un ultimatum à l'Ukraine : ou bien elle acceptait le contrat d'association en l'état (colonisation pure et simple, et en plus l'Ukraine avait à payer des mises à niveau à hauteur d'environ 165 milliards de dollars, qu'elle n'avait pas naturellement), ou bien...Ianoukovitch, qui était corrompu mais pas prêt à tout, a dit non. Maïdan a alors commencé. Les Européens ont appuyé, espérant en tirer profit (leurs « hommes » étant Klitschko, mais aussi Porochenko qui finalement était aussi acquis aux Américains [ Il est acquis à tout le monde et personne, et vendu apparemment aux Allemands (non démontré mais sa présence dans l'écurie Klitschko avant l'élection, semble le montrer) et certainement aux Américains :  https://wikileaks.org/plusd/cables/06KIEV1706_a.html Au moins depuis 2006, cela vous pose un traître...]. Début février, Victoria Nuland a appelé Geoffrey Pyatt pour choisir le futur « premier ministre » de la junte, ils sont tombés d'accord sur Arseni Iatseniouk qu'à l'époque l'Allemagne classait parmi les « technocrates fous » mais devenu depuis neo-nazi ], et il y a le fameux « fuck the EU ». L'appel a été enregistré par les Russes et diffusé sur Youtube, et il a été confirmé entre autres par Nuland, Kerry et Obama qui ont juste fait remarquer que « ça ne se faisait pas ».

         http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-26079957

    Pendant les JO de Sotchi, censés occuper entièrement Poutine (surtout avec la menace terroriste, partiellement soutenue par les États-Unis), des tireurs inconnus ont tiré à la fois sur des manifestants et sur des policiers, en tuant des dizaines. Une autre fuite téléphonique, entre le ministre estonien des Affaires étrangères et Catherine Ashton, révèle que d'après un chirurgien de Kiev, les balles sont les mêmes, donc ce pourraient être les mêmes tireurs. Fin mars, l'assassinat de Sacha Bilyi, ancien terroriste tchétchène reconverti dans la milice nazie Pravyi Sektor, a été lié à cette affaire (on peut supposer que c'est lui qui s'en était chargé). Ses hommes ont défilé devant le Ministère de l'Intérieur, impliquant que l'élimination venait de là, mais depuis le ministre a changé d'alliances et il fait désormais partie du même parti néo-nazi que Iatseniouk, fondé et financé par Kolomoisky. Le 22 février 2014, la France et l'Allemagne signent un accord avec ianoukovitch, prévoyant des élections anticipées et le retrait des troupes gouvernementales, France et Allemagne garantissant le respect de l'accord. Le 23 février, les nazis marchent sur Kiev, Ianoukovitch fuit, ils arrivent au parlement, forcent les députés, à coups de poings (passés en direct à la télé), à nommer Iatseniouk premier ministre...


    Poutine a profité de l'intense insatisfaction de la Crimée et de sa situation légale qui le permettait, pour récupérer la Crimée où il louait des bases navales dont il a grand besoin. Tout le monde était content (encore plus aujourd'hui !) En Nouvelle-Rus il en allait différemment. Elle a fait partie de l'Ukraine pendant toute la période soviétique, même si historiquement elle n'en fait pas partie. De plus, la population à l'époque n'était pas aussi enthousiaste à l'idée de devenir russe, disons qu'il y avait une majorité mais on ne change pas de pays avec une simple majorité!La junte a commencé à déclarer sa volonté génocidaire, des résistants se sont levés partout et, autour de Donetsk et de Lugansk, ont réussi à tenir (pour les autres, je pense qu'on aura une petite idée du massacre dans quelques années; déjà, l'été dernier, même les prisonniers de guerre, ils en ont assassiné la moitié, et les autres avaient tous été torturés quand ils ont été échangés contre des prisonniers ukrainiens qui eux, avaient été bien traités). La Russie, si réellement elle intervenait militairement  (actuellement, elle forme, elle conseille, elle apporte un soutien diplomatique... mais elle n'intervient pas militairement), serait à Kiev en 48h. Ce serait utile pour sauver le pays du nazisme, mais que ferait-elle de cette victoire ? Les Ukrainiens détesteraient être occupés par les Russes, même la plus pacifique des occupations, et ne seraient pas dénazifiés. Pourquoi voudriez-vous qu'elle intervienne dans les Pays baltes ? Les habitants, à part quelques pourcents de russophones à qui ni Lettonie ni Estonie n'accorde la nationalité alors qu'ils sont du pays depuis toujours, les habitants donc, seraient furieux ! Et que ferait la Russie ? En quoi serait-elle avancée ? Si même en Ukraine, si riche, la Russie a réussi à convaincre les chefs séparatistes d'accepter de rester en Ukraine (avec fédéralisation et garanties, bien sûr), alors qu'ils voulaient rejoindre la Fédération russe, que voudriez-vous qu'ils fassent ailleurs ? Si Poutine n'avait pas autant de souci de la légalité, il y aurait bien des « coups » autrement plus rentables que d'envahir un pays hostile : nationaliser les pépites privatisées dans les années 90, par exemple... et on peut être certain qu'il ne ferait pas d'autres mécontents que les actionnaires... 

     
    Si la Russie n'est pas expansionniste, on peut noter que la Pologne, elle, commence à sous-entendre qu'elle prendrait bien Kaliningrad : le chef d'état-major, le général Mieczyslaw Gocul, a dit « We treat our neighbors in such a way that we do not wish to tell about the irreconcilability of our interests, nor how who is our ally and who is our opponent ». Il précise que si les Russes n'ont pas augmenté leur présence militaire à Kaliningrad (qui a une frontière avec la Pologne), la présence russe à proximité de leurs voisins les inquiète, et en gros, ils voudraient bien faire la guerre, ce qui serait une reprise de la politique polonaise médiévale et même après (qu'ils ont chèrement payée ces derniers siècles). Il faut dire que les Polonais, dès que ça va bien, font tout ce qu'ils peuvent pour que ça aille mal, en particulier attaquer les pays voisins avec des forces inférieures; je n'y vois pas d'autre raison que la volonté de prouver leur génie et leur bravoure, que personne pourtant ne songe à contester...  (sauf les Américains : nous avons des blagues belges, ils ont des blagues polonaises, souvent les mêmes) Et j'aime la Pologne et les Polonais !
    A propos des intérêts américains en Ukraine, en dehors de contrats gaziers aujourd'hui caducs grâce à l'échappée de la Crimée, une société fondée par l'omniprésent Kolomoisky, Burisma, a obtenu l'autorisation d'exploiter les gaz de schiste de la région de Slaviansk (qui s'était soulevée mais que la Résistance, en difficulté au début, n'a pas réussi à tenir), et devinez qui est directeur ? Hunter Biden, le propre fils du vice-président américain Joe Biden, qui fait partie des « huiles » américaines qui ont fait le déplacement pour pousser à la guerre... Il faut dire que, quand Obama parle de « faire cesser la dépendance européenne au gaz russe », il entend, et le met en œuvre, la faire passer au gaz américain.

        http://www.reuters.com/article/2014/03/26/us-usa-eu-summit-idUSBREA2P0W220140326

    Or, le fameux gaz de schiste américain, il n'y en a en réalité pas beaucoup. Beaucoup moins qu'en Ukraine en tous cas. Il s'agit donc de faire signer des contrats aux Européens, à des tarifs exorbitants, comme s'il s'agissait d'acheter du gaz de schiste américain; et de leur livrer en fait du gaz de schiste ukrainien, bien moins coûteux et sur lequel ils ont mis la main... Un autre directeur de la société est un ami proche du beau-fils de John Kerry. Il n'y a pas que les Bush qui fassent la guerre pour leurs intérêts personnels...

       http://www.liveleak.com/view?i=430_1406373849

    Dans le lien Reuters il est aussi question du fameux Pacte transatlantique dont je vous ai parlé, et qui autoriserait la colonisation sans limite de l'Union européenne par les États-Unis. Vous voyez de quelle carotte ils usent : « pour l'instant nos exportations de gaz vers l'Europe sont réduites parce que nous avons fixé des quotas pour des raisons stratégiques, mais si vous signez le pacte, ces exportations seront illimitées » — alors que non seulement ils n'ont pas de grosses réserves de gaz de schiste, mais qu'en plus, ils n'ont pas encore les équipements (essentiellement portuaires) pour en expédier ! C'est donc du bluff total...
    Et l'Angleterre vient d'envoyer à l'Ukraine vingt chars de la dernière guerre, des Saxon, en apparence particulièrement « datés » en particulier en termes de blindage, et à l'arrivée, deux d'entre eux (l'un tirant l'autre) se sont retrouvés dans le fossé, le blindage amoché...
    Sinon, côté Américain, ils viennent d'envoyer pour 75 millions de drones à l'Ukraine, plus 200 humvees dont 30 blindés. Neufs ou d'occasion ?

            http://sputniknews.com/europe/20150311/1019353726.html


    Pour un autre exemple, on va prendre l'intervention de Victoria Nuland avant-hier. 

                 https://www.youtube.com/watch?v=4glJX5g4oPw


    Le début ne concerne pas ces accusations récurrentes contre la Russie, mais donne une idée de l'interventionnisme américain avoué en Ukraine (l'actuelle ministre des finances ukrainienne, est américaine, entre autres). Et de la terreur économique qu'ils y font régner. Les soi-disant 6.000 morts de la guerre, sont en fait 25.000 soldats ukrainiens (dont 780 militaires et mercenaires américains et mercenaires polonais), plus de 2000 résistants novorussiens, plus de 2000 civils morts bombardés par l'armée ukrainienne (même si individuellement, les tireurs essaient de rater les cibles civiles, on leur demande tout de même de les viser), et un nombre indéterminé de civils massacrés par d'autres moyens, on découvrira peut-être les charniers plus tard...Sur les morts russes, d'une part il y a des Russes (non militaires, ou retraités; au tout début du conflit il y a eu des militaires russes en permission mais elles sont terminées depuis longtemps) volontaires dans la Résistance novorussienne, et ils ont certainement eu des morts. D'autre part, il y a les « mères de soldats » interviewées par les media occidentaux, qui sont d'une part la présidente d'une association locale de « mères de soldats » subventionnée 50.000$/an par les Américains (pas mal pour un job à temps aussi partiel) dont on ne sait pas si elle a un seul autre adhérent (elle-même n'est probablement pas une mère de soldat mort, bien sûr), d'autre part une spécialiste qui était déjà « mère de soldat mort » en Tchétchénie, elle n'a pas de chance la pauvre... Entre-temps elle a été condamnée pour extorsion de fonds ou quelque chose de similaire, pour avoir escroqué des Russes crédules en leur racontant cette histoire. Il fallait bien qu'elle gagne sa vie, une fois la Tchétchénie pacifiée... Maintenant, avec l'Ukraine, elle revit ! Quant au « règne de terreur », cela se passe de commentaire, quand on a une idée de la barbarie des monstres qui sévissent autour de la junte de Kiev... (La question des sanctions commence peu avant 7 minutes, j'aime bien la phrase (le retrait des armes lourdes par les « rebelles ») « is incomplete as OSCE access », qui doit être traduit par « l'OSCE n'ayant pas accès à toutes les positions d'armes lourdes retirées, nous considérons qu'elles ne l'ont pas été ; alors que pour l'armée ukrainienne, il suffit qu'ils nous disent qu'elles l'ont été et on décrète que c'est vrai ». Bien sûr les résistants ne vont pas révéler toutes leurs positions à l'OSCE qui comporte fatalement des espions américains ! Si jamais les Américains ignorent leurs positions, bien sûr... Et en tous cas, les Américains disposent de photos satellite exhaustives de la zone de cessez-le-feu et ne se sont visiblement pas donné la peine de compter les nombreuses armes lourdes ukrainiennes, et l'absence d'armes lourdes de la Résistance (sauf peut-être du côté de Marioupol où l'armée ukrainienne bombarde en particulier intensément). L'accusation de « chars russes » commence à 7minutes 58 ou un peu avant, et se termine à 8min09. « We can confirm » signifie « la junte ukrainienne nous a dit »... il est tout à fait remarquable qu'aucune photo satellite d'un seul de ces prétendus chars russes ne soit jamais sortie. On a eu des photos satellite de chars du côté russe de la frontière, des photos d'un carambolage routier ou du résultat d'un bombardement où on voyait bien qu'il s'agissait de voitures, camionnettes... civils et non de chars, mais jamais d'un vrai char russe en Ukraine. Néanmoins « we can confim » etc. Et cela fait plus de quarante fois en un an ! Leur disque est rayé. En fait, la Résistance novorussienne a d'abord eu accès à des réserves d'armes de l'armée ukrainienne situées sur son territoire, puis a pris des centaines (plus de cent rien que dans la poche de Debaltsevo) de chars, et tout un tas d'autres équipements militaires, à l'armée ukrainienne. Elle a par ailleurs des ateliers de réparation de chars, car l'armée ukrainienne remet les siens en service après des décennies de hangar, sans aucune maintenance. C'est la raison principale pour laquelle ils s'en font autant voler... Les chars ont toutes sortes de problèmes... Les résistants, eux, ont tout le personnel qualifié (dont un commandant remarquable, mort le 16 février au front) et du coup, ils disposent de chars identiques à leurs adversaires, mais opérationnels... Notons que les exigences qu'elle exprime autour de 8min30 ne font pas partie de l'accord de cessez-le-feu, à ma connaissance. La dernière minute est savoureuse aussi...

     

    Quant à des articles, comme dans Alyaexpress-news, qui annoncent une menace nucléaire de la Russie contre les Etats-Unis et l'Ukraine, [ http://alya-breakingnews.com/2015/03/16/1241-1603-poutine-menace-nucleaire-contre-les-etats-unis-et-lukraine/ ] j'ai déjà lu une traduction (probablement orientée) d'extraits de cette entrevue, et qu'un tel titre est pur mensonge.
    Bien sûr, il est obligé d'envisager le risque nucléaire, ce n'est nullement une menace, c'est lui qui a été menacé à plusieurs reprises, ouvertement, par l'Ukraine ; et plus discrètement par les États-Unis.
    D'ailleurs heureusement qu'Obama est à la tête et non Hillary Clinton ou George W. Bush à la Maison-Blanche parce qu'avec le bellicisme des différentes administrations américaines et, en gros, du « complexe militaro-industriel » américain (contre lequel Eisenhower avait mis en garde ses successeurs dans son discours de départ, il avait bien raison), les autres auraient déjà appuyé sur le bouton rouge ; ce que je ne crains pas du tout de Poutine, sauf pour riposter.

     


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